Une question que le lecteur peut se poser comme je me la pose à moi-même depuis des années : D'où me vient cette passion pour le Japon ?
Absolument rien dans mon entourage ne pouvait m'y conduire! Alors quoi ? comment ? Pourquoi ?
Un seul indice, une lecture enfantine au sujet de Myeko, la petite fille au kimono rouge ("Myeko's gift" de Kay Haugaard - 1966) qui m'a séduite tant par sa grâce que par sa détresse, dans son univers partagé entre la tradition japonaise et la modernité américaine...
Plus tard cela m'a fait réfléchir à l'origine des différences culturelles entre nos pays.

Tout commença en juillet 2000. Après un voyage très agréable, j'eus l'impression que nous allions amerrir, mais non, j'ignorais encore que l'aéroport du Kansai se situait sur une langue de terre reliée à Osaka. Arrivée à Osaka, je fus récupérée par une Japonaise qui allait être une de mes professeurs lors de mon séjour à Kyôto. Nous prîmes donc le train pour Kyôto et nous nous rendîmes au centre de langues où m'attendait ma famille d'accueil. J'ai été plus que bien accueillie, j'ai été choyée comme seuls savent le faire les Japonais et j'ai eu la chance de séjourner 4 semaines à Kyôto ce qui m'a permis de découvrir la ville plus en profondeur que les touristes de passage. Après ces 4 semaines dans l'ancienne ville impériale, où j'ai pu être plongée dans la vie quotidienne japonaise, j'ai visité d'autres endroits au Japon. Il est vrai que mon niveau de japonais et la brièveté de mon séjour ne m'ont permis de découvrir que quelques aspects de la vie et de la société japonaise, mais le peu que j'ai découvert m'a émerveillée et m'a donné le désir d'y retourner le plus rapidement possible. Je souhaite que tous ceux qui sont allés au Japon aient été aussi enchantés. J'ai donc été "japonaise" pendant un mois, et le bonheur que j'ai éprouvé là-bas me donne envie de le partager avec ceux qui liront ce qui suit.

 

KYOTO

 

Au premier regard, la ville semble la même que les autres grandes villes japonaises : encombrements aux heures de pointe, quartiers du centre où sont concentrés le commerce et la finance... Mais pourtant, Kyôto a un charme que ne possède nulle autre grande ville japonaise : dès que l'on quitte un peu le centre, on entre dans une autre dimension où le temps acquièrt une autre valeur et on pénètre dans le Japon immuable, celui de la communion avec la nature, le calme et la sérénité.

Visites incontournables

Bien entendu, il y a des visites à ne pas manquer, comme il se doit pour tout touriste visitant Kyôto. En effet, celle-ci bénéficie d'un patrimoine architectural impressionnant, ayant été capitale du Japon pendant plus de 1000 ans. Ainsi, nous commençons par le Kinkaku-ji, le fameux pavillon d'or. Il tient son nom des feuilles d'or fin plaquées sur ses toitures qui se reflètent dans l'eau d'un étang. Malheureusement, on évoque plutôt à regret son fondateur, le shôgun Ashikaga Yoshimitsu; il s'était en effet retiré en ces lieux après son abdication à la fin du 16ème siècle, vivant dans un luxe éhonté alors que la population supportait la famine, les séismes et la peste. Incendié en 1950 par un jeune moine, (le roman de Yukio Mishima, Le Pavillon d'Or, est inspiré de cet événement), il fut reconstruit en 1955. Personnellement, j'ai nettement préféré le Ginkaku-ji. Ce pavillon a été construit en 1482 comme retraite du shôgun Ashikaga Yoshimasa, lequel envisageait de se faire édifier une réplique en argent du "pavillon d'or" bâti par son grand-père. Mais la mort de Yoshimasa avant l'achèvement du projet ne permit pas de recouvrir la demeure de plaques d'argent, prévues pour refléter la lune. Dans son jardin, deux monticules de sable et de graviers blancs sont conservés depuis 3 siècles. Ils rappellent, dit-on, le Mont Fuji. Louis Frédéric décrit ce pavillon, dans son livre "Japon Intime", avec sensibilité et justesse, bien mieux que je ne pourrais le faire. Il dit ceci :"son jardin, un des plus étonnants que je connaisse, admirable combinaison dans un espace relativement restreint, de jardins de sable et de jardins avec rivière, étangs et collines. Parmi ces merveilles de rocs et de végétaux, insolite, un petit sanctuaire shintô, timide, délicieusement discret. (...) Contrairement aux autres jardins zen où l'on doit arrêter de se mouvoir dans l'espace et le temps afin de les contempler d'un seul point à la fois, ici, il faut bouger, suivre soigneusement les allées conçues pour une déambulation compliquée qui apporte les uns après les autres mille sujets d'émerveillement..." Parmi les autres "curiosités", on se doit de visiter le Sanjusangendo, construit en 1266, il abrite une statue en bois de Kannon à onze faces. Elle est entourée de 28 statues protectrices et 1001 statues plus petites la représentant. Ce temple est très impressionnant lorsque l'on voit ces 1000 statues toutes alignées. Ce style tranche de la sobriété des autres édifices, mais bien sûr chacun ses goûts... Indispensable, la visite au Ryôan-ji , fondé en 1473, qui tient sa réputation de son célèbre jardin zen de sable et de gravier blancs d'où émergent 15 rochers évoquant des tigres bondissant. On ne peut pas ne pas aller voir ce temple car son jardin est sans doute l'un des plus célèbres dans le monde, et pourtant, j'ai été plus séduite par d'autres jardins zen, moins connus mais tout aussi mystérieux (tel que le Tenryu-ji, lieu retiré et silencieux, aux portes de la ville, dont le jardin est parsemé de rochers et de cascades sèches). Continuons la visite avec le Heian-jingu, bâti en 1894 pour célébrer le onzième centenaire de la fondation de la capitale, Heiankyo : il reproduit le palais impérial de 794. Si les bâtiments sont d'inspiration chinoise, le jardin, lui, est bien japonais et il réputé d'une grande beauté avec ses fleurs de cerisier au printemps et le feuillage rouge des érables en automne (deux saisons qu'il me reste à découvrir). Dans un charmant quartier, se situe le fabuleux temple : le Kiyomizu-dera. Construit en 788 et rebâi en 1633, il est juché au bord d'un ravin et sa terrasse repose sur 139 poutres de 15 mètres de hauteur. C'est un édifice spectaculaire, qu'il faut aller voir absolument. En descendant, vous pouvez vous arrêter aux cascades d'Otawa dont les eaux ont des vertus curatives. C'est pourquoi on peut voir une foule de Japonais faire la queue pour boire cette eau fraîche (moi-même, j'y ai goûté, quand à savoir si l'eau à vraiment un pouvoir curatif...). Au Kiyomizudera, comme dans tous les autres temples japonais, on peut voir les ema, petites plaquettes, décorées, en bois sur lesquelles on inscrit un vœu. Il ne faut pas s'en aller sans avoir fait un détour par le Fushimi-Inari. Derrière le premier torii brille déjà le rouge de la grande porte principale, le sanctuaire richement orné montre l'architecture de l'époque Momoyama. Une magnifique allée de promenade, longue de 4 km où sont disposés 1000 torii, traverse les bois du mont Fushimi. Là encore, Louis Frédéric vient à mon secours pour vous faire partager mon enthousiasme: "l'endroit est merveilleux : tous les sanctuaires shintô sont situés dans des endroits favorisés par la nature, en général au sein de bois aux arbres séculaires. Le Fushimi Inari ne fait pas exception. Situé à flanc de coteau , il escalade allègrement celui-ci de nombreuses allées en escaliers, bordées de lanternes de pierre ou de bois et de petits sanctuaires en réduction. Mais ce qui distingue ce sanctuaire et le signale plus particulièrement sont les allées de torii. Un torii est une porte de bois sans battant, formée de 2 piliers sur lesquels reposent 2 poutres horizontales. Ces torii signalent l'entrée de tous les sanctuaires shintô, et sont en général aux nombre de 3. Ils sont censés représenter les portes successives permettant aux fidèles de passer progressivement du monde du réel au monde surnaturel des Kami. Au Fushimi Inari Taisha, la coutume est d'offrir, en guise de remerciement, un torii de bois, peint en rouge et noir."

Voilà, nous avons fait à peu près le tour des temples et sanctuaires à ne pas manquer. Chaque édifice de Kyôto rappelle une page de sa longue période de gloire. C'est le cas aussi pour le magnifique château Nijo. Il était la résidence des shôguns Tokugawa lors de leurs séjours à Kyôto et il est connu pour le luxe de ses décorations. Construit au début du 17ème siècle sous le shôgun Tokugawa Ieyasu, il est un exemple de l'architecture dite Momoyama. L'intérieur montre, à l'opposé des constructions aristocratiques européennes de l'époque, une élégance excessivement dépouillée. Les 33 salles sont recouvertes de 800 tatamis, toutes les portes coulissantes peuvent être retirées à la saison chaude, de telle sorte que les courants d'air ainsi provoqués rafraîchissent les bâtiments. En revanche, on devait avoir particulièrement froid en hiver car il n'existait pas de chauffage. Une caractéristique insolite du château est l'uguisubari ou parquet-rossignol, au premier étage, qui réagit au moindre bruit de pas par un léger son aigu. Il permettait aux gardes en partie cachés dans des alcôves dissimulées aux regards de repérer le ou les intrus.

 

Trésors plus secrets

Comme il existe plus de 1500 temples et 200 sanctuaires à Kyôto, là encore, vous avez le choix après les visites "obligatoires". Vous avez, par exemple, le superbe parc Maruyama qui comprend de nombreux temples : le Chion-in dont la porte principale, haute de 24 mètres et datant de 1619, impressionne en raison de son imposante toiture; le Shoren-in dont les bâtiments actuels datent de 1895 possède un jardin d'une incomparable beauté ou le sanctuaire Yakasa, construit en 1654, disposant d'un torii en pierre de 9.5 mètres de hauteur. Très intéressant également, le Ninna-ji, fondé par le 19ème empereur, Uda, en 888, était appelé formellement le Vieux Palais Impérial d'Omuro comme il servait de résidence à l'ex-empereur. Le Chishaku-in (temple bouddhique de la secte Shingon, reconstruit en 1598, avec un magnifique jardin zen) et le Kodai-ji m'ont énormément plu également. Enfin, je vous conseille vivement le Byôdô-in, qui se trouve à Uji, près de Kyôto, que l'on nomme aussi le pavillon du phœnix. Ce temple bouddhiste date de 1053, il est célèbre en raison d'une remarquable statue du Bouddha Amida, de la même époque. Je ne peux pas citer tous les temples ou sanctuaires que j'ai visités mais sachez qu'aucun ne vous décevra. Si vous recherchez un lieu pour vous retrouver, n'hésitez pas à faire un tour dans un des temples ou des sanctuaires que vous croiserez sur votre chemin!

Bien entendu, et c'est là que le charme saisissant de Kyôto vous happe, il ne faut pas limiter sa visite à ses lieux, magnifiques, certes, mais il faut prendre le temps de flâner le long du vieux canal, dans le quartier de Pontochô ou dans celui de Gion à la rencontre des apprenties geishas, les maiko. Vous pouvez ainsi découvrir au hasard de votre promenade, une vieille dame en yukata, un homme d'affaire se raffraîchissant avec un éventail, une maiko qui rentre chez elle, des écoliers en uniforme... Les alentours du Kiyomizu-dera sont très intéressants aussi avec des multitudes de petites boutiques. N'hésitez pas non plus à faire quelques excursions aux alentours de Kyôto, que ce soit à Nara, ou même dans les collines entourant l'ancienne capitale. Ainsi, allez découvrir le Mont Hiei. Montagne très importante par le passé car en son sommet, Saichô y créa le temple Enraku-ji, qui devint le principal monastère de la secte bouddhiste, Tendai, dans le pays. Le mont Hiei avec ses temples disséminés dans toute la montagne est un lieu vraiment magique. D'autant plus que l'on est à l'écart de la ville et que la fraîcheur des hauteurs nous aide à purifier notre esprit.

Si, comme moi, vous êtes à Kyôto vers la mi-août, il faut que vous assistiez au Daimonji, c'est une cérémonie qui célèbre la fin de O-bon (la fête des morts). Des hommes portant des flambeaux grimpent le mont Nioigatake, près de Kyôto et, une fois la nuit venue y forment un kanji, signifiant grand, de plus de 150m de large et sur 4 autres monts, d'autres kanji sont ainsi formés. Ces gigantesques feux seraient destinés à souhaiter un bon voyage aux âmes des défunts qui regagnent l'Au-delà.

Si Kyôto est réputée pour une chose, ce sont bien ses jardins déjà évoqués au hasard des visites des temples. C'est selon les goûts de chacun, mais je ne pense pas qu'il puisse exister des gens qui restent insensibles face à la beauté des jardins japonais. IL y ceux en mousse, en pierre, avec de l'eau ou des arbres. Vous errez dans la ville, puis un temple vous attire. Vous y entrez et vous pénétrez dans un autre monde. Là, les bruits de la ville se taisent, seul l'écrin de la nature vous accueille. Et c'est merveilleux. On peut rester des heures à contempler un jardin, il apporte sérénité et tranquillité. Je ne connais rien qui soit aussi apaisant. Pour quelques instants ou quelques heures, vous pouvez oublier le moment présent, vous vous sentez, plutôt, immuable, comme ces jardins.

 

Pour finir sur Kyôto, j'aimerais citer Pierre-Emile Durand, lorsqu'il décrit cette si belle cité :"Ici la beauté n'est pas apparente. Elle se mérite et ce n'est qu'au hasard des flâneries et petit à petit que le charme opère. (...) Si la beauté est ainsi jalousement protégée, elle est aussi partout essaimée sur ce quadrilatère parfait de quatre kilomètres de côté puisqu'on dénombre en cette ville plus de deux mille temples bouddhistes et sanctuaires shintô, des palais et des villas impériales, des jardins et pavillons oniriques."

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Ma vie quotidienne au Japon

 

J'ai adoré la vie au Japon, et plus particulièrement à Kyôto, pendant les quelques semaines où j'y étais. Vous l'aurez remarqué, d'ailleurs, avec l'utilisation des superlatifs dont j'ai abusé dans la première partie, qui sont nombreux en français et pourtant insuffisants pour traduire mon enthousiasme. Mon seul regret c'est la surprise qu'a constitué l'incroyable profusion de fils électriques dans le ciel de Kyôto, je dois avouer que cela choque. En plus , les poteaux électriques sont énormes et dans les ruelles, on doit naviguer entre ceux-ci, les cyclistes et les voitures. Heureusement, les Japonais sont très courtois.

 

Au centre de langues

Tous les matins, je prenais le train pour traverser la ville et me rendre au centre de langues. Et chaque matin, le train était à l'heure à la seconde près. Ce qui m'amusait beaucoup, c'était de voir que tous les matins, au même endroit de la gare, le même homme d'affaire en costume foncé, était là, face au même compartiment dans lequel il montait chaque jour. Il m'est arrivée de voir des Japonaises en kimono, dans le train ou des hommes d'affaires se rafraîchissant avec un éventail. Arrivée à la gare où je descendais, il me restait 10 minutes de marche pour arriver au Kyôto International Center of Languages. Chacun était réparti selon son niveau dans des groupes différents. Les cours intensifs d'été se déroulent sur 4 semaines, 5 jours par semaine, le matin de 9H à 12H30. Bien entendu, si ça vous intéresse, sachez qu'il n'y a pas seulement des cours en été, mais tout au long de l'année selon les programmes. En tout cas, les cours sont très intéressants et les profs extrêmement sympathiques. Mais, j'ai été très déroutée par la méthode. En fait, tout est basé sur l'oral, je n'ai pris que peu de notes, et, en cela, je ne m'y attendais pas. Je n'étais pas habituée à l'oral, et je pense que j'ai beaucoup progressé, mais j'avoue que l'effort de mémoire était très intense puisque les profs nous faisait tout apprendre par cœur sans vraiment donner d'explications grammaticales. Or, pour notre esprit cartésien, il faut reconnaître humblement que le manque d'explications freinait un peu l'apprentissage. Toutefois, je garde un excellent souvenir de ces cours. Au fait, à la fin du stage, nous avons eu le droit à un examen sur nos connaissances acquises pendant les 4 semaines : c'était du sérieux!

 

Usages domestiques

Il y quelques règles de savoir-vivre à suivre et l'on peut dire qu'elles sont communes à presque tous les foyers japonais. Tout d'abord, lorsque l'on pénètre dans une maison, il faut enlever ses chaussures. Il y a un espace prévu pour les ôter, ensuite on voit une marche sur laquelle sont disposées des paires de chaussons qu'il faut mettre. De même, lorsque l'on quitte la maison, on enlève ses chaussons sur la marche et on reprend ses chaussures restées sur la marche inférieure. Par contre, si l'on entre dans une pièce recouverte de tatami, on doit retirer ses chaussons.

L'autre grande différence par rapport à chez nous, est le bain japonais. Les Japonais sont fous des bains et d'ailleurs, dans toutes les familles où je suis allée, j'en ai profité. Contrairement à une douche, le bain à la façon japonaise est très bon pour la santé parce qu'il permet de se relaxer. Essayez le Ofuro, c'est incomparable. Mais pour cela : la baignoire ne sert qu'à se relaxer en se plongeant dans l'eau brûlante, il ne faut surtout pas se laver dans la baignoire mais à côté où l'on trouve une sorte de douche. D'autre part, l'eau du bain sert à toute la famille, ce qui finalement n'est pas gênant puisque s'étant lavé hors de la baignoire, l'eau du bain est propre. En tout cas, on dit que le bain le meilleur est celui à 42.3°c, c'est très chaud mais très agréable...lorsque l'on est habitué! En tout cas, si vous ne logez pas dans une famille, vous avez les sentô, qui sont les bains publics et qui feront le même effet.

Il arrive que l'on trouve un autel bouddhiste chez les particuliers. En fait, ce sont souvent les personnes âgées qui conservent encore les cendres de leur épou défunt, chez eux. J'ai eu la chance que la grand-mère de ma famille d'accueil me permette de voir l'autel bouddhiste dans lequel étaient placées les cendres de son mari. La pièce était typiquement traditionnelle avec des tatami et des portes coulissantes et il y avait même un tokonoma (niche ménagée dans le mur où sont présentés une peinture et un arrangement floral).

 

Délices de la table

La nourriture constitue selon moi un attrait supplémentaire. Et n'ayez crainte, si vous ne maîtrisez pas tout à fait le japonais, il vous suffit de montrer les vitrines au serveur pour lui faire comprendre ce que vous désirez. Dans ma famille d'accueil, chaque repas était source de nouveauté autant que de délice. Le matin, nous mangions soit à la manière occidentale (avec pain de mie, omelette, jus de fruits...), soit à la japonaise avec un repas à base de riz (forcément) et souvent de poisson ou les restes de la veille au soir, ou des maki. Le soir, j'étais impressionnée par la diversité des mets disposés sur la table : souvent une soupe (algues et tofu, champignons) et ensuite une myriade de plats (poulet, tofu, sashimi, beignets de légumes ou de viande). Bref, régal assuré à chaque fois. Petit conseil pour débutants : accrochez-vous si vous tentez d'attraper la seiche avec vos baguettes, ça file car c'est un peu visqueux. Malgré les risques que vous prenez en traversant la table avec la seiche entre vos baguettes, le jeu en vaut la chandelle. C'est excellent. Avec la famille de ma correspondante de Nagoya, nous sommes allés dans un bar à sushi. C'était extraordinaire. C'était l'un des plus réputés de Nagoya, aussi, nous dûmes patienter au moins une heure avant de pouvoir nous installer. Ensuite, des petites assiettes, où étaient disposés des sushi, défilaient devant nous sur un tapis roulant. Nous nous servions autant que nous voulions et l'addition était calculée en fonction de la couleur et du nombre des assiettes sur lesquelles il y avait eu des sushi plus ou moins chers. C'est assez onéreux, mais c'est un délice. Si vous avez l'occasion, essayez l'okonomiyaki, c'est une sorte de pizza composée de divers éléments tels que de la viande, du poisson, des œufs ou du chou. Vous avez aussi les ramens, bien sûr, qui sont des nouilles chinoises qui se mangent en soupe, les sushi et sashimi qui ne se présentent plus, les yakitori (brochettes de poulet servies avec des légumes), les teppanyaki (viande qui est préparée directement sur une plaque chauffante), c'est un régal! Il existe plusieurs sortes de thé : le sencha (thé vert), le usucha (thé léger en poudre), le koicha (thé fort en poudre) ou le macha (thé vert en poudre), pour ne citer qu'eux. Vous avez encore le thé au blé grillé (mugicha), le thé au riz grillé (genmaicha) ou le thé de première qualité (ichibancha). En tout cas, accompagné des haricots rouges sucrés japonais (azuki), le thé, même le plus amer devient un délice! N'hésitez pas à goûter le zenzai (purée de haricots rouges), le yôkan (gelée de haricots rouges) ou le shiruko (soupe de haricots rouges). Je vous conseille vivement aussi d'essayer les dango, ce sont des boulettes de riz et les mochi (pâte de riz cuit à la vapeur et passé au pilon), j'ai adoré.

 

Le perfectionnisme japonais

On parle très souvent du perfectionnisme des Japonais. Je pense que l'on peut s'en convaincre rapidement. Ainsi, alors que nous nous essayions à une séance de calligraphie dans ma famille d'accueil, le père de ma famille désirait me montrer quels étaient les kanji de son prénom. Malheureusement, je ne les ai jamais vu tracés de sa propre main. En effet, il recommença une bonne dizaine de fois la calligraphie de son prénom, et chaque fois déçu par sa prestation, il préféra de rien me montrer. Finalement, ce fut sa femme qui me les traça à sa place. Toujours dans le même style, nous fîmes une soirée origami. Le père de ma famille tenait à me montrer ce que donnait un crabe en origami. Il était tellement pointilleux sur le pliage, qu'il mit plus d'une heure avant de nous faire admirer le chef-d'oeuvre. A sa décharge, il faut préciser que le pliage du crabe est très complexe...

Je voulais ajouter que les Japonais sont incroyablement gentils et accueillants. Dès mon arrivée, ma famille d'accueil m'a invitée au restaurant. Ensuite, elle n'hésitait pas à me faire visiter la ville ou les endroits dont j'avais entendu parler et que je souhaitais voir. Le sommet fut sans doute le jour où ma famille m'offrit un yukata que j'ai étrenné lors du daimonji. J'avoue que je ne m'y attendais pas et c'est un cadeau qui me fit un immense plaisir. D'autant plus que c'était extrêmement onéreux. Ensemble, nous sommes allés au lac Biwa où tous les étés a lieu un splendide feu d'artifice : plus de 10 000 fusées sont tirées. C'est magique. Cette sortie me permit de voir pour la première fois, que lors des fêtes, les jeunes filles portent leur yukata. Cela rajouta au charme de la soirée.

Pour décrire la vie au Japon, au quotidien, il faut rester plus de six semaines. Au bout d'un mois, on commence seulement à comprendre certains aspects de la société, mais beaucoup de choses nous échappent encore malheureusement. C'est pourquoi, mes descriptions concernant la vie au Japon restent un peu floues...

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Autres lieux


Après avoir quitté Kyôto, j'ai fait une petite excursion dans une petite ville située dans la montagne, au nord de Nagoya. Takayama, construite au 15ème siècle par le daimyô Kanamori, est entourée de plusieurs montagnes culminant à plus de 3000 mètres. L'ancien quartier du centre, avec ses étroites ruelles et ses belles maisons en bois datant du 18è siècle, est très pittoresque. Takayama est souvent qualifiée de "mini-Kyôto" du fait de ses sanctuaires, de ses temples et nombreux petits canaux. D'ailleurs, ce qualificatif n'a pas de quoi surprendre puisque le seigneur de l'époque voulait créer une réplique réduite de Kyôto. La petite cité possède un grand nombre de maisons de sake. On peut visiter aussi le Takayama jinya. C'est l'unique bâtiment administratif de la période d'Edo encore existant.

Ensuite, j'ai passé quelques jours à Tôkyô, mais j'avoue que le grouillement incessant de la foule dans les rues donne le tournis et cela finit par être fatiguant. Les tokyoites sont d'ailleurs moins chaleureux que les habitants de Kyôto. Il est certain que j'ai préféré l'ambiance plus "provinciale" de l'ancienne capitale impériale. Toutefois, Tôkyô est un mélange extraordinaire et il est amusant de voir d'adorables maisonnettes ou de minuscules temples et sanctuaires adossés à des gratte-ciel immenses. J'ai adoré Asakusa. Ce quartier se distingue nettement des autres car l'esprit de l'ancienne Edo y subsiste encore un peu : les ruelles sont pleines de charme. Asakusa s'est développé autour du temple Sensoji, le plus ancien de Tôkyô (milieu du 7ème siècle), on y accède en franchissant l'impressionnante porte Kaminarimon, puis en empruntant Nakamise, une allée bordée de 150 boutiques de souvenirs et de gâteaux typiques. Le sanctuaire d'Asakusa et la pagode à 5 étages forment le centre de ce quartier. Les quartiers plus "branchés" de Tôkyô sont à voir, également. Vous avez le choix entre Ginza, Shinjuku, Shibuya ou Harajuku. Le quartier chinois de Yokohama est à voir. Vous comprendrez les différences de style architecturaux entre les deux civilisations, lors de votre visite. C'est, en tout cas, un quartier très agréable et très animé.

Désirant voir le Fuji-san, je me suis rendue avec ma correspondante du côté de Hakone. Malheureusement, à cette période de l'année, le Fuji est difficile à apercevoir. Pour se consoler, nous nous sommes alors rendues au sanctuaire de Hakone. L'endroit est superbe, perdu au milieu d'un bois, avec un torii sur le rivage du lac que domine le Fuji-san.

 

Toutefois, il me reste beaucoup de lieux à découvrir, notamment Miyajima, Nikkô, Nara, Kamakura ou Hiroshima. J'espère retourner au Japon plus longtemps, pour visiter tous ces lieux chargés de beauté et d'histoire, mais aussi pour mieux m'imprégner de la mentalité de la société japonaise. Ma narration qui s'achève n'est qu'une vision très partielle et partiale du Japon, et je vous invite à le découvrir par vous-même.

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Pour aller plus loin dans la découverte du Japon :

Josée, Raymond et leurs "Figurations intérieures"